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[Vidéo] L’huile de palme peut-elle être durable ?

Publié le 18/01/2018

Nos modes de vie en détruisent d’autres. Dans le prolongement de l’exposition qu’elle consacre aux Batak, peuplade indigène de l’île de Palawan située aux Philippines, la CFDT a organisé un colloque sur les ravages produits par l’extension galopante de la culture du palmier à huile.

Table ronde : "quelles incidences sur la vie des peuples autochtones de Palawan ?"

Elle est dans nos assiettes et nos moteurs de voiture. Fruit d’un arbre prolifique, elle est peu chère et fournit un carburant de bonne qualité. Elle détruit les forêts et menace d’extinction les populations indigènes qui vivent dans les paradis tropicaux où elle est implantée. L’huile de palme est un produit polémique par excellence : c’est l’huile végétale la plus consommée au monde, entrée depuis quelques décennies dans notre alimentation industrielle et depuis peu dans la fabrication du biodiesel destiné à alléger le bilan environnemental des pays européens.

Enfin, elle est l’emblème d’un modèle économique à bout de souffle, qui épuise la biodiversité et bafoue les droits humains fondamentaux. C’est pourquoi un colloque lui a été consacré le 16 janvier dernier dans les locaux de la Confédération de la CFDT. Un rendez-vous qui peut sembler « atypique » a souIigné Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, en introduction de la journée, mais complètement « lié à la réflexion de la CFDT sur le développement durable et le progrès social. S’intéresser à la culture de l’huile de palme et ses conséquences sur les territoires exploités, c’est rappeler que développement économique, droits humains et protection de l’environnement ne doivent pas s’opposer dans l’économie de la qualité que défend la CFDT. Ce qui est inédit, aujourd’hui, c’est la présence des Philippins invités à témoigner des ravages de la déforestation dans leur pays ».

 Table ronde : "Quelles régulations aujourd'hui et demain ?"

« Au départ, nous avions décidé de réaliser une exposition de photos à partir des travaux d’un anthropologue italien, Dario Novellino, qui a vécu quatorze ans avec la tribu des Bataks, une peuplade de l’île de Palawan, petit bijou tropical et dernier rempart écologique de l’archipel philippin. Il nous a fait connaître l’association CALG (Coalition against land grabbing) qui lutte contre l’accaparement des terres agricoles au profit des plantations d’huile de palme. L’idée s’est alors imposée à nous d’aller plus loin et de recueillir directement la parole des indigènes menacés et de les faire participer à un colloque sur la question de la déforestation », explique Hervé Garnier, secrétaire national de la CFDT.

Vers une régulation européenne

 Table ronde : "Quelles actions possibles pour l'entreprise ?"

À l’initiative de la Fédération générale agroalimentaire de la CFDT, trois d’entre eux ont pu faire le voyage aux côtés de Dario Novellino : un habitant de Palawan salarié d’une palmeraie, un agriculteur de la tribu des Batak (dont il ne reste plus que 300 membres) et le responsable de l’ONG CALG : « Très peu d’ONG locales s’intéressent à l’huile de palme. Les champs sont verdoyants, la déforestation est peu visible contrairement aux dégâts causés par l’industrie minière », a-t-il expliqué.

Mais avec les palmiers sont arrivés les pesticides, l’érosion de la biodiversité locale, la pollution des sols et de l’eau, les salaires de misère, le travail des enfants. Face à un gouvernement qui entend faire de l’Indonésie le premier producteur mondial d’huile de palme, CALG cherche de nouveaux soutiens, notamment auprès de l’Union européenne qui a lourdement contribué à la déforestation depuis les années 2000 et la fabrication des agro-biocarburants de première génération « Concilier emploi et environnement est souvent ardu, mais la CFDT fera pression au sein de la Confédération européenne des syndicats, comme elle le fait sur d’autres sujets », a déclaré Hervé Garnier qui a rappelé aussi l’implication de la CFDT en faveur de la loi sur le devoir de vigilance des multinationales adopté en mars 2017 par la France et le rôle qu’elle entend jouer à propos de la redéfinition de l’objet social des entreprises dans la future loi entreprise.

cnillus@cfdt.fr