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[Congrès de la CES] A Vienne, les syndicats européens ouvrent leur 14ème congrès

Publié le 21/05/2019

Jusqu’au 24 mai se tient à Vienne, en Autriche, le 14ème congrès de la Confédération européenne des syndicats. Les 600 délégués représentant quelques 45 millions de travailleurs entendent ici réaffirmer leur volonté de bâtir un nouveau contrat social européen, garantissant une Europe plus égalitaire et de réelles opportunités pour l’ensemble des travailleurs

C’est à la veille d’un scrutin crucial pour l’Europe que s’est ouvert à Vienne le 14ème congrès de la Confédération européenne des syndicats. Le lieu, comme la date, ne doivent rien au hasard. Du 23 au 26 mai, les citoyens de tous les pays européens doivent élire leurs représentants au Parlement européen. Alors qu’élection après élections, les mouvements « populistes » gagnent du terrain, amenant même certains d’entre eux à gouverner (en Italie, Pologne, Grèce, Hongrie et Autriche), l’avenir de l’Europe et de la démocratie sont dans tous les esprits.

Pour une Europe plus démocratique et plus juste

« La démocratie européenne est en danger. L’Union européenne semble avoir perdu son âme sociale, a lancé le secrétaire général de la CES Luca Visentini dans un discours d’introduction à la tonalité parfois très politique. Le chômage, les inégalités, la pauvreté et l’exclusion sociale ont résolument affecté la confiance des travailleurs dans l’avenir. Il ne suffira pas de parler de démocratie et de droits sociaux, nous devons être plus convainquant que les populistes en proposant une vision qui profite à tous, pas uniquement à quelques-uns », poursuit-il, avant d’adresser un message aux partis démocratiques : « Nous devons construire une Europe plus démocratique, plus juste et plus sociale […] L’Union européenne ne survivra que si elle est capable de proposer des résultats concrets, qui améliorent la vie des citoyens ».

De son côté, Jean-Claude Juncker, président sortant de la Commission européenne, a ardemment défendu son plan d’investissement visant à répondre à la triple crise (de l’emploi, de l’investissement et de la croissance) qu’a connu l’Europe. « Vous avez soutenu la mise en place de ce plan pour mettre un terme à l’austérité myope et stupide », lance-t-il aux délégués réunis.

Socle européen des droits sociaux

En matière sociale, les résultats engrangés au cours de la mandature 2015-2019 de la CES sont nombreux. Le plus marquant restera néanmoins le socle européen des droits sociaux, adopté au sommet de Göteborg en novembre 2017 et salué par l’ensemble des intervenants du congrès. « Une victoire collective », diront certains.

Considéré par certains observateurs européens comme un recueil de vœux pieux, ce socle européen a su trouver sa traduction concrète à travers plusieurs initiatives et législations européennes, incluant la révision de la directive sur les travailleurs détachés, la création de l’autorité européenne du travail ou la directive sur l’équilibre vie privée-vie professionnelle. Aujourd’hui,« nous devons continuer à nous battre  pour son application […] et ainsi nous permettre d’atteindre l’objectif d’une réelle convergence dans tous les pays sur les droits sociaux, les conditions de travail et la protection sociale, en nous assurant de les rendre accessibles à tous les travailleurs », lance Lucas Visentini.

Comme une réponse aux invectives considérant les syndicats comme de « vieilles organisations » incapables de regarder le monde tel qu’il est, le secrétaire général de la CES le réaffirme : « les syndicats sont la pierre angulaire de la démocratie et c’est là-dessus que nous devons nous appuyer en réussissant à nous renouveler. Aussi devons-nous continuer à renforcer notre pouvoir de négociation, notre influence dans la prise de décision institutionnelle et législative, notre capacité à mobiliser dans la rue et à nous organiser sur les lieux de travail ». Les débats, débutés ici à Vienne et qui se poursuivront jusqu’à vendredi, en témoigneront. 

aballe@cfdt.fr