Lucie : « La reconversion est une nécessité pour continuer à vivre bien. »

Publié le 08/03/2023

Lucie est née en 1978. Elle est de ces femmes qui prennent leur destin en mains. Après 19 ans de travail comme bergère, elle a décidé de reprendre ses études.

Je prépare un master en gestion durable des territoires de montagne. Je les connais bien, ces territoires, après avoir travaillé en toutes saisons dans cette belle nature ! J’ai exercé le métier de bergère en contrats saisonniers. Le travail me plaisait mais l’usure physique et psychologique m’a fait réfléchir à mon avenir.

J’ai accepté de travailler seule, avec des charges de travail physiques et psychologiques fortes, un temps de travail très élastique et une rémunération qui ne suit pas toujours.

Les contrats saisonniers ne nous permettent pas de bénéficier de la prime de précarité, le calcul des périodes de chômage est complexe car nous exerçons un emploi atypique.

Avant, il y avait des conventions collectives départementales ; j’avais la chance de travailler dans les départements où la CFDT négociait des rémunérations acceptables. Maintenant, la convention est nationale, il n’y a pas de disparité de rémunérations, sauf la prise en compte ou pas des heures complémentaires après les 35h.

Il s’agit là d’une rude négociation avec les employeurs, on ne gagne pas toujours et souvent quand je recalcule mon salaire net horaire je ne suis payée que 5€ de l’heure… Qui accepterait de travailler ainsi au niveau des députés ?

Nos conditions d’hébergement ne sont pas toujours idéales, surtout peu souvent correctes. Souvent on me propose un logement sans commodité sans eau courante et, surtout, sans chauffage. C’est très compliqué.

J’ai décidé de repartir en formation pour avoir le choix d’un métier dans le milieu de la montagne mais moins isolée et peut-être mieux rémunérée. J’ai beaucoup donné en 19 années de travail comme bergère. J’aspire à un emploi moins dur et moins précaire.

Femme étudie

Je pense que cette réforme risque de creuser les écarts de perception du monde entre les générations. Les jeunes qui entrent dans le milieu professionnel souhaitent que leur travail ait un sens social. Ils souhaitent un peu plus d’éthique dans le travail et ne pas vivre pour travailler mais travailler pour vivre… La vie après le travail se construit tout au long de sa vie professionnelle : quand on est usé par le travail comment envisager une vie en bonne santé à la retraite ?

Pour moi, et pour d’autres, la retraite à 64 ans c’est NON ! Et surtout, il faudrait prendre en compte les conditions d’exercice du travail.