Marie-Christine, secrétaire nationale de la section CFDT ASP rattachée au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation : « La fonction publique agricole a aussi besoin que l’on se mobilise pour l’égalité professionnelle »

Publié le 01/03/2022

A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes (le 8 mars), portrait d'une militante CFDT Agri-Agro... essentielle !

Marie-Christine et son métier

Je suis ASP (agent de services et de paiements) rattachée au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Il s'agit d'un secteur professionnel plutôt féminin (quasi deux fois plus de femmes que d’hommes dans les effectifs). On pourrait penser que tout va bien… Mais non, tout n’est pas acquis à ce jour et l’équipe CFDT Agri-Agro est attentive à des sujets bien précis.

Les agents sont classés par catégories socioprofessionnelles, reposant sur la nomenclature des professions ; dans la fonction publique, l’articulation des catégories agrégées de la PCS-Insee (cadres, professions intermédiaires, employés et ouvriers). En apparence, donc, tout va bien, pas de discrimination ; cependant, quand on échange avec nos collègues et qu’on étudie bien les mesures de promotion internes et les ouvertures de postes, on observe autre chose.

Marie-Christine et la CFDT

Syndicaliste depuis 1985, j’ai eu l’opportunité d’évoluer syndicalement dans les missions de représentante du personnel. Aujourd’hui je suis secrétaire nationale de la section syndicale CFDT ASP. En novembre 2021, lors du congrès de la CFDT Agri-Agro, j'ai été élue conseillère fédérale. Mon témoignage a pour but d'expliquer les différentes mobilisations de l’équipe CFDT au sein de la section au ministère de l’Agriculture.

Nous sommes très vigilants, notamment, comme je l'évoquais plus haut, en ce qui conerne les mesures de promotion internes et les ouverures de postes. Encore de nos jours, il faut défendre le droit des femmes. Par exemple, pour les promotions de postes, mais également pour certaines missions de management, les femmes ne sont pas prioritaires dans les services du ministère de l’Agriculture. J’accompagne très souvent des femmes qui souhaitent postuler à des postes à responsabilité. Souvent la réponse qui est donnée aux femmes n’est pas directe, mais plus biaisée avec des réflexions... Par exemple : « Es-tu certaine de pouvoir prétendre à ce poste ? Tu es jeune, tu vas avoir des enfants, qui seront malades, et comment feras-tu, alors, pour assumer toute cette charge de travail ? »

Notre action avec l’équipe CFDT a été de travailler avec la DRH sur les fiches de postes, les intitulés, les fonctions et les mobilités des agents pour supprimer toute discrimination de genre potentielle.

Le dossier des formations est également conséquent.

Certains agents chargés de famille ne partaient pas en formation car la conciliation entre le déplacement et la vie familiale était trop compliquée. J’ai eu l’opportunité de faire changer l’organisation d’accompagnement des agents avec une négociation nationale pour délocaliser les formations par région. C’est-à-dire que les formations se passaient sur le site national à Paris mais, désormais, des formations locales sont mises en place, regroupant plusieurs régions voisines, avec prise en charge du déplacement du formateur. Cette solution a permis que des agents qui ne partaient jamais en formation puissent enfin participer.

Maintenant il y a aussi une évolution par rapport à l’entrée en poste des femmes et des jeunes parents.

Les agents femmes, comme les hommes, prennent des jours enfants malades. Quand j’ai commencé il n’y avait que quelques femmes qui osaient les prendre ; et encore, elles se sentaient coupables « d’abandonner leur poste ».

Marie-Christine et le 8 mars

La journée de la femme ne doit pas être qu’une journée mais une bataille continue pour l’égalité homme/femme dans toutes les professions.

Nous négocions pour qu’il y ait davantage de managers femmes. Les  responsables commencent à prendre en compte les spécificités des situations des jeunes parents et encore plus celles des mamans qui éduquent seules leurs enfants.

Les propos sexistes diminuent et le respect de la gent féminine est plus présente.

Tout n’est pas acquis, il reste encore des négociations à mener sur les années à venir pour l'égalité professionnelle femme/homme. Les sujets ne manquent pas :

  • écart de rémunération,
  • accès aux corps et cadres d'emploi (avec formation des encadrants pour les recrutements et sur promotion et avancement),
  • favoriser l'articulation entre vie professionnelle et vie familiale et mieux accompagner à la prise de responsabilité,
  • lutter contre les violences professionnelles et sexistes,
  • organiser la gouvernance de la politique d'égalité professionnelle.

Des formations avec plus de bienveillance ("manager sans discriminer") sont prévues pour les encadrants. La CFDT Agri-Agro y veille et insiste, à chaque instance, pour que cela soit une obligation pour tous les responsables d'équipe.

Le 8 mars 2022, je serai avec mes collègues pour leur rappeler le chemin parcouru et celui qu’il nous reste à faire ensemble.