Sabrina, 44 ans, conductrice de machine dans l’agroalimentaire : « Salariées de l’agroalimentaire, nous sommes essentielles… et nos salaires, le sont-ils ? »

Publié le 03/03/2022

A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes (le 8 mars), portrait d'une militante CFDT Agri-Agro... essentielle !

Sabrina et son métier

Je travaille depuis l’âge de 16 ans, j’ai 44 ans aujourd’hui. Je travaille depuis 17 ans dans une entreprise qui fait des salades de la 4ème gamme. Je suis conductrice de machines. Mon métier consiste à gérer différentes machines qui pèsent et mettent en sachet les salades ou les épinards qui seront prêts à la consommation. C’est un métier très technique qui demande de l’attention et de la précision. Le sac doit etre bien fermé et faire le poids indiqué sur l’emballage. Mon poste a beaucoup évolué en quelques années. Il y a 15 ans, il n’y avait que deux femmes à ce poste ; aujourd’hui nous sommes environ 50 % de l’effectif.

Sabrina et la CFDT

Je suis élue CSE dans l’entreprise qui compte 180 salariés avec 70 % de femmes. Depuis 2014, je représente les salariés, d’abord en tant que déléguée du personnel, puis, en 2019, élue CSE. Je suis secrétaire générale du SGA 55 depuis juin 2019 et j’ai un mandat à L'URSSAF de la Meuse. 

Depuis 1er décembre dernier, j'ai intégré la fédération CFDT Agri-Agro : je suis Secrétaire fédérale en charge de la branche volaille et de l’artisanat alimentaire.

Sabrina et le 8 mars

Pour ce 8 mars 2022, avec l’appel de Laurent Berger pour parler des salariés essentiels, j’ai des choses à dire… Le 8 mars, habituellement, c’est une journée où l'on se pose et on fait le bilan des acquis de l’année passée. Nous avons encore du chemin pour améliorer nos conditions de travail.
Dans mon entreprise, les salariés qui travaillent dans le secteur de la production comme moi travaillent en équipe des 3/8 (5H/13H, 13H/21H et 21H/5H). Les parents qui souhaitent changer de poste pour associer l’équilibre entre vie personnelle et familiale et vie professionnelle peuvent demander à changer de service et à aller travailler dans le service expédition : les horaires y sont fixes, il est donc plus aisé de concilier la vie avec les enfants en bas âge. Mais cette conciliation a un prix : les postes au service expédition sont moins bien rémunérés, les salariées peuvent perdre jusqu’à 150€ brut par mois, ce qui, pour nos niveaux de rémunération, est très important.

Ce 8 mars 2022, c’est donc, pour moi, le 8 mars de la mobilisation pour une rémunération digne et respectueuse des salariées et surtout des salariées que nous sommes.

Nos employeurs ont mis en valeur le courrier du ministre du Travail sur « les salariés essentiels de l’agroalimentaire » : pendant tous les confinements, nous avons travaillé ; pour nous, pas d’arrêt, pas de pandémie : il fallait nourrir la population, nous l’avons fait, chacun à son niveau.

Par ailleurs, nous sortons de grève et qu’avons-nous obtenu ? Une légère augmentation de 3 %. C’est-à-dire : RIEN par rapport à tous les bénéfices du groupe.

Alors oui : nous sommes essentiels, mais quelle est notre valeur aux yeux des employeurs ?

Le 8 mars 2022, je serai dans la rue pour rappeler à tous que derrière la salade que vous mangez il y a des salariés mal payés et pas reconnus.