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Quimper : les centres socioculturels menacés de disparition par les politiques d’austérité budgétaire des collectivités

Publié le 04/03/2024

C’est sans couleur et sans drapeau que les adhérents CFDT des centres socioculturels de Quimper se sont réunis sur la place Saint-Corentin, mardi 20 février. Le syndicat CFDT S3C Bretagne est venu en soutien de l’appel de la Fédération des centres sociaux et socioculturels pour dénoncer la réduction des moyens de ces structures. Après Rennes et Brest le 31 janvier, une centaine de salariés du secteur étaient présents à Quimper.

Distribution de soupe, jeux pour enfants, espace d’échange… Habitués à tisser du lien social, les salariés des centres socioculturels connaissent la recette pour une mobilisation ludique et conviviale. Mais derrière les sourires, l’inquiétude est grande. « Le but c’est d’occuper l’espace public pour se faire entendre auprès des habitants et auprès des collectivités pour pointer la situation financière de nos structures », explique David Mathie, coordinateur du secteur famille et délégué syndical CFDT à la Maison Pour Tous de Penhars (Quimper).  

 

Les subventions s’amenuisent et les coûts augmentent 

Le département du Finistère compte 35 centres sociaux et une vingtaine d’espaces de vie sociale. Ces lieux permettent d’apporter animation, activités et services à l’échelle d’un quartier, d’une commune, voire d’une intercommunalité. Cependant, les subventions de ces collectivités s’amenuisent, ou stagnent dans le meilleur des cas, alors que les coûts de fonctionnement augmentent. « Malheureusement, dans ces périodes de restrictions budgétaires, les premiers secteurs qui passent à la trappe sont le social et le culturel », regrette David Mathie. 

Les conséquences sont lourdes pour ces structures à l’équilibre financier fragile. Coordinatrice animation pour tous à la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) de Kerfeuteun (Quimper), Gaëlle Pochat le vit comme un crève-cœur : « nous devons faire des choix dans les projets soutenus. Le paradigme a changé, on ne s’adapte plus aux besoins des habitants, on choisit les projets qui vont coller aux offres de financement. »  

C’est aussi une surcharge de travail très importante pour les salariés, avec des heures supplémentaires, des absences non remplacées et des postes qui ne sont pas créés. « Car si les moyens ne sont pas au rendez-vous, la demande ne faiblit pas pour autant », rappelle Gaëlle, qui est aussi déléguée syndicale CFDT de la MJC. 

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Une politique sociale basée sur la performance ? 

Parmi les victimes de cette hémorragie, « le quartier prioritaire Kermoysan de Quimper a vu la dotation départementale passer de 40 000 à 17 500 euros en l’espace d’un an », assure Yves Formentin-Mory, secrétaire général adjoint du syndicat CFDT S3C Bretagne. D’autres structures sont impactées sur le territoire, comme dans l’agglomération de Brest où un centre a perdu 3 postes. « D’ici deux à trois ans, il y a un risque que certaines structures disparaissent », affirme Yves Formentin-Mory, « mais comme ce sont des établissements de petite taille, on ne voit pas venir le plan social. » 

Au cœur de la politique sociale et du fléchage budgétaire du département finistérien, la notion de « performance » fait son apparition. Une absurdité pour Gaëlle : « nous sommes dans un secteur qui travaille sur du long terme, sur le vivre ensemble, sur la rupture de l’isolement, sur la mixité sociale… Comment voulez-vous quantifier ou mesurer le lien social ? » D’autres organismes de cohésion sociale comme les Missions locales ou les Centres Communaux d’Actions Sociales (CCAS) ont fait les frais de cette politique. 

Grâce à ces mobilisations, la Fédération des Centres Sociaux et Socioculturels de France espère pouvoir peser sur la politique du CESE (Conseil Économique Social et Environnemental) à Paris le 7 mars prochain.

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Interview vidéo de David Mathie et Gaëlle Pochat, militants CFDT.