Nathalie : « La retraite, c’est l’espoir de voir le bout du tunnel… avec le projet de réforme, on repart pour un temps qui sera douloureux ! »

Publié le 08/03/2023

Nathalie est née en 1966. Son emploi actuel est son 1er et seul CDI. En effet, elle travaille dans la même entreprise, une biscuiterie en Auvergne depuis 1985… « Je suis carrière longue ! » explique-t-elle.

Avant ce projet de réforme des retraites, j’avais envisagé de partir en octobre 2026.

Mon activité professionnelle m’a épuisée. J’ai occupé le poste de responsable de ligne puis, en 2018, j’ai obtenu le poste de conducteur de ligne. Dans mon entreprise, pas de féminisation des métiers : il faut travailler et c’est tout. Mon travail consiste soit à être au poste de fabrication des gâteaux, soit à être au conditionnement.

Nos horaires de travail sont en équipe alternées, avec des horaires du matin, de 4H45 à 13H, ou de l’après-midi, de 13H à 21H.

Comme je suis ancienne dans l’entreprise, mon contrat de travail ne spécifiait pas les horaires de nuit : je les ai refusés quand ils ont été proposés. Mais mes collègues nouvellement embauchées, elles, n’ont pas le choix : elles travaillent en équipe de nuit.

Je travaille par alternance une semaine du matin et une semaine d’après-midi.

Quand je travaille du matin à la fabrication, je commence à 3H15 le matin.

Je suis fatiguée de ce travail.

Nathalie

En 2021, j’ai été opérée du rotateur de la coiffe à l’épaule droite à cause du port de charge lourde. Les sacs de farine et de sucre ne sont pas conçus pour des femmes ou des personnes à petite corpulence : ils pèsent tout de même 25 KG, on est bien obligé de les soulever.

Mon opération a permis de faire reconnaître ma situation de santé en maladie professionnelle. Je suis reconnue travailleuse handicapée avec des restrictions au travail préconisées par la médecine du travail : pas de charge de plus de 5 kg à peser, je ne peux pas faire un travail où je dois lever le bras plus haut que le niveau de l’épaule, je ne dois pas faire de gestes répétitifs…

Pour ce qui est de l’usure professionnelle et de la pénibilité, tout est décidé par le patron : cela signifie donc qu’il n’y a pas de prise en compte de la pénibilité réelle chez nous.

Mon grand regret est d’avoir été considérée comme travailleuse de deuxième ligne… vous savez : ceux qu’on applaudissait pendant la pandémie, ceux grâce à qui la population a pu continuer à consommer des petits gâteaux… Maintenant, nous payons l’addition, nous les travailleurs des industries de l’agroalimentaire. J’ai un sentiment d’injustice : le choix a été fait de faire travailler plus longtemps ceux qui travaillent déjà durement.

Mon souhait à la retraite ? Il est simple : pouvoir dormir la nuit et en finir avec les cadences et les horaires contraignants ! Je veux pouvoir m’occuper de mes petits-enfants, de ma famille…

Pourquoi devrais-je travailler plus longtemps alors que le travail m’a cassée ?

J’ai fait toutes les manifestations, j’ai signé la pétition, car il faut dire NON ! On ne veut pas finir notre vie et perdre notre bonne santé au travail !