Kem : « Exercer un métier-passion, ça a un prix… »

Publié le 06/03/2023

Kem est née en 1966. Elle exerce le métier de bergère depuis 2001 : « C’était le métier de mon grand-père, explique-t-elle. Lui était éleveur berger, je pense que ma passion vient de lui… »

J’ai fait une formation de bergère avec un BTS spécialité ovin grandes cultures.

Certes, mon travail est particulier et très spécifique. Mais je me considère tout de même comme une salariée comme les autres.

Je travaille toute l’année, mais sur des contrats saisonniers : une période de printemps, de début mars à mi-juin, dans des régions de plaines ou de collines ; une période en deuxième partie de l’année, de mi-juin à octobre, avec un travail dans les alpages.

En octobre, je retourne en région de collines, où je peux travailler. Je suis sur les exploitations où j’aide les brebis à donner naissance aux petits. Dans la deuxième période, les brebis sont gestantes, elles mettent bas à la descente de la montagne.

Cette année, je vais être responsable d’un troupeau de 1.500 brebis avec mes deux chiens.

Mon activité professionnelle est spécifique : un travail saisonnier avec le contrat qui est associé, des conditions de vie assez rudes.

Pendant cinq mois, je peux vivre seule avec mes chiens et mon troupeau, cette solitude pourrait être vécue comme une contrainte, mais pour moi ce n’est pas le cas.

IMG-20230223-WA0001

Je suis « hébergée » dans un logement très précaire… Je dis « hébergée » car il faut être passionnée pour accepter ces logements, pourtant certains éleveurs font un réel effort pour me fournir un logement décent.

Les relations avec les employeurs sont basées sur la confiance et la négociation.

Au fur et à mesure des années, je m’aperçois que les conditions de vie et d’exercice de la profession évoluent très peu. Nous sommes seuls, surtout nous, les femmes.

Avec la CFDT j’ai compris que le collectif avait un sens réel pour échanger sur des propositions d’amélioration de nos conditions de travail.

J’ai eu une succession de contrats saisonniers. La retraite pour moi ce n’est pas avant 67 ans… et encore : je n’aurai pas une retraite très élevée !

Le projet de réforme des retraites est pour moi un projet idéologique qui n’a pas de fondement d’urgence ni de nécessité immédiate.

Le projet ne tient pas compte de la réalité du travail des salariés de la production agricole, et encore moins de la réalité du travail de berger. Nous sommes bien loin du quotidien de certains travailleurs.

C’est pourquoi je suis opposée à cette réforme qui est injuste.